La preuve par l’exemple : l’économie circulaire mise en pratique par les entreprises de travaux !
Le 18 mai dernier avait lieu le 2ème Mardi de DÉMOCLÈS qui avait pour thématique « Sur mon chantier : quelles bonnes pratiques pour mieux valoriser les produits, matériaux, déchets ? ». Ce fut l’occasion d’inviter deux entreprises de travaux à partager avec nous leurs retours d’expérience sur des opérations exemplaires en matière d’économie circulaire.
Le 1er témoignage nous a été proposé par Natacha Menu, Responsable QSE chez IDF Démolition.
Afin de créer le Village des Athlètes pour les JO 2024, c’est d’abord tout un quartier de Saint-Ouen (93) que le maître d’ouvrage – la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) – doit restructurer : collège, habitations, entreprises, Cité du cinéma, etc.
La SOLIDEO s’est ainsi fixé des objectifs ambitieux en termes de prévention et gestion des déchets qui ont été traduits concrètement dans les documents de marché des entreprises de travaux :
- Un objectif de 90% de réemploi et valorisation des déchets non dangereux par parcelle
- Diagnostics pré-réemploi réalisés en amont par l’AMO et joints au CCTP
- Une charte environnementale jointe également au CCTP
Le groupement d’entreprises retenu – constitué de Prodemo, IDF Démolition, Sobaten, Occamat – a ensuite mis en place ces exigences sur le terrain. Pour cela, le groupement a fait appel à Backacia pour les accompagner sur la mise en place du réemploi.
Concrètement comment cela se passe-t-il ?
- Lors de la prise de possession des lieux, un contre inventaire réemploi est réalisé par le groupement afin de vérifier ce qui sera réellement possible de réemployer, que ce soit techniquement ou économiquement. Ce contre inventaire est validé par le MOA, le MOE et l’AMO.
- Une fois les produits et matériaux réemployables identifiés, une équipe dédiée et formée « à travailler avec un tournevis plutôt qu’avec une masse » dépose soigneusement ces produits. Cela nécessite du temps, des équipements spécifiques et un espace de stockage dédié.
- Ensuite, ils sont mis en vente via la plateforme en ligne de Backacia ou lors de showrooms éphémères organisés par les entreprises directement sur site. Pour ce chantier, le MOA a fait le choix que les recettes des ventes soient reversées directement aux entreprises de curage afin de les encourager à développer le réemploi.
- Les produits et matériaux ne pouvant pas être réemployés sont déposés, triés puis évacués afin d’être valorisés dans des filières dédiées. Le tri se fait par type de déchet, avant la mise en benne, afin d’éviter au maximum les mélanges. Par exemple ici, la laine de verre est évacuée vers Isover, le faux plancher vers Mobius, le béton est concassé in-situ, etc.
- Côté traçabilité, le groupement fait un retour hebdomadaire sur le réemploi et un retour mensuel pour l’évacuation des déchets à l’AMO. Chaque produit réemployé et chaque benne de déchets sont photographiés. Une fiche de traçabilité a été créée pour les ventes et dons, et un BSD est demandé pour l’ensemble des déchets, dangereux ou non. Toutes ces informations sont compilées dans des tableaux de suivi tenus à jour régulièrement.
Grâce à des échanges réguliers avec le MOA et l’AMO, le groupement d’entreprises a su faire face aux aléas du chantier et atteindre les objectifs fixés dans le CCTP.
Nous avons ensuite eu le retour d’expérience à 2 voix de Marine Barbot, Responsable RSE, et Srimalie Fonseka, Chef de service adjoint Travaux, de Bouygues Bâtiment IDF Habitat Social.
La démarche « Zéro Déchet Ultime » est une démarche interne initiée par Bouygues Bâtiment France Europe et testée sur 16 chantiers pilotes en France. L’objectif est de trouver des solutions pour éviter au maximum l’enfouissement de déchets grâce à l’éco-conception, à la réduction des emballages et au tri des déchets pour mieux les valoriser.
Nos deux interlocutrices ont présenté comment était mise en place cette démarche ZDU sur le chantier « Les Hauts Bâtons » à Noisy-le-Grand (93), opération de rénovation énergétique de 884 logements en milieu occupé pour le compte d’Emmaüs Habitat. L’entreprise s’est ici appuyée sur 5 leviers pour agir :
- L’éco-conception: dans le cadre de cette réhabilitation, l’entreprise a également en charge la phase de restructuration et a donc pu mettre en œuvre des principes de l’éco-conception. Par exemple, la laine de roche installée pour l’isolation est 100% recyclable et le bardage de façade a été calepiné de façon à limiter au maximum les chutes.
- La diminution des quantités d’emballages: pour ce faire, Bouygues Bâtiment a travaillé directement en partenariat avec ses fournisseurs. Une boucle logistique de retour des emballages des radiateurs a été mise en place avec le Groupe Atlantic et un service de livraison interne a également été mis en œuvre pour les petits matériels et outillages de chantier dans des contenants réutilisables (Distriloop).
- Le réemploi : certains matériaux ont pu être réemployés soit directement sur place ou ex-situ :
- Le TRESPA de façade a été réemployé comme clôture de chantier. Des études sont en cours afin qu’il puisse être réemployé en pare-vue sur les balcons ou transformé en mobilier.
- Les ossatures de façade en bon état ont été soigneusement déposées afin d’être réemployées pour l’installation de la nouvelle isolation.
- Le tri à la source: sur ce sujet, Bouygues Bâtiment a :
- Réalisé son propre diagnostic déchets afin d’identifier les quantités et les types de matériaux et déchets qui seront générés par le chantier. Grâce à un suivi régulier, l’équipe sait que les estimations sont assez proches des quantités évacuées au quotidien.
- Mis en place des points de collecte en pied de chaque bâtiment avec la présence d’un « homme vert » qui va notamment contrôler, sensibiliser et former les acteurs du chantier au tri des déchets.
- Adapté les contenants aux flux et aux quantités de déchets, par exemple un big bag pour la laine de verre.
- Mis en place une signalétique dédiée en plusieurs langues.
- Les filières de valorisation : grâce au diagnostic déchets, Bouygues Bâtiment a pu mettre en place un protocole de dépose sélective et nouer des partenariats avec des filières de valorisation des déchets. Parmi ces partenariats, on retrouve notamment ecosystem (radiateurs électriques), EcoDrop (bois, laine minérale) ou encore Recyverre (menuiseries PVC). Un registre de suivi des produits et déchets est mis à jour régulièrement dans une démarche d’amélioration continue tout au long du chantier.
Cette démarche, très ambitieuse, permet déjà à Bouygues Bâtiment d’en tirer des enseignements : l’anticipation et l’identification le plus en amont possible des gisements de l’opération sont les clés pour une meilleure action de prévention et gestion des déchets sur le chantier.
Pour revivre l’évènement rendez-vous ici.